mardi 7 décembre 2010

Largage effectué ! R.A.S


Préparation des paras
avant de sauter

Ce décollage à la verticale, inattendu, se déroula à la caserne des Petites Ecuries à Versailles, je faisais une démonstration de la technique de dégrafage du harnais quand le parachutiste est, par vent fort, traîné sur le sol par la voilure.
A défaut de vent , nous employons une méthode simple qui consiste à faire traîner le parachutiste harnaché par deux hommes qui tirent la voilure par la cheminée. Ces parachutes réformés de vieux T4 et T5 américains sont destinés à l’instruction.
Ce jour là, le ciel était menaçant et le vent très irrégulier, Après avoir démêlé les suspentes pour permettre à la coupole de se gonfler sans problème, j’enfile le harnais et joignant le geste à la parole, j’explique comment procéder pour stopper le training sur le ventre en tirant quelques suspentes pour amener le bord d’attaque de la voilure vers soi, la surface étant réduite , le vent n’a plus de prise et la coupole s’affaisse...
La démonstration terminée, je demande un volontaire, un jeune pré-militaire prend ma place dans le harnais, se couche sur le sol, tandis que deux de ses camarades soulèvent le bord d’attaque pour que le vent assez faible à cet instant ,s’y engouffre.Le résultat ne fut pas celui escompté, une rafale soudaine et violente arriva arrachant la voilure des mains des deux tireurs surpris et sous mes yeux incrédules, je vis le jeune traîné sur le sol durant quelques mètres puis subitement décoller à la verticale, le parachute entièrement gonflé pris de l’altitude, traversa toute la vaste cour de la caserne et s’accrocha au sommet de la façade du bâtiment, deux étages plus haut, a quelques dix mètres de hauteur!Le jeune, percuta le mur avec assez de violence, mais il était de la trempe dont sont fait les parachutistes, amortissant le choc avec ses deux jambes il encaissa le coup sans dégâts , il fit le geste bien connu, pouce levé ‟ je suis OK ‟Le problème était que nous n’avions pas d’échelle pour aller le dégager, grimper les escaliers a toute allure et chercher la bonne fenêtre fut l’affaire de quelques secondes.Suivant mes conseils, il se dégagea de son harnais et l'agrippant par son treillis et les jambes nous le ramenâmes à l’intérieur de la pièce.
Un parachute, comme son nom l’indique, est fait pour ralentir une chute, pas pour décoller, mais 54 m2 de voilure subitement gonflés par une rafale développe assez de puissance pour entraîner, voire soulever, une personne de 65 kg.
Je revois encore, stupéfait, ce gars décoller, il avait eu beaucoup de chance de s’en tirer sans une égratignure. Nous en avions eu une preuve irréfutable ce jour là.

Georges BOURDEAU

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